Candice a 20 ans. Elle livre des mauvaises nouvelles à vélo
dans l’Angleterre de la fin des années 70. En parallèle, elle suit des études
de théâtre et jouera Richard III de Shakespeare. A l’heure des grandes grèves
de l’Angleterre, Candice n’a pas l’âme d’une révolutionnaire mais elle attend
et espère secrètement qu’un changement s’opère. Alors, lorsque le mouvement
parti de Ford à Langley s’étend aux transports, aux étudiants, aux ouvriers,
aux mineurs…Elle ose enfin lancer ses tracts dans les bourrasques. Candice
représente la jeunesse des années 80 en Europe. Une jeunesse atone, sans chemin
à suivre et sans trop d’espoir que cela change. Elle rencontre John Jones, musicien
sans un sou. Deux êtres de solitude avec la musique comme langage : celui
qui fait taire le silence du soir et qui permet de dire « les gens comme ils vont et les choses comme elles
arrivent » (p.213).
Cet hiver britannique de 1979 marque la montée du
libéralisme économique, l’arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher, alias Tina
(There is no alternative) et annonce les bouleversements économiques et sociaux
des décennies suivantes. La pièce de Shakespeare, Richard III, donne une jolie toile
de fond à cette réflexion sur le pouvoir, l’humiliation des faibles par les
forts, la soumission, la lâcheté, la résistance. Cette valse-hésitation entre
la haine et l’amour. (p.84) : « En
fait, c’est l’amour et la haine réunis. C’est cela, le pouvoir ».
Tout n’est que lutte : dans les rapports sociaux, dans
le travail, dans la création artistique. Au sein même de la famille :
lutte pour trouver sa place, lutte pour fuir la violence. Candice et son regard
sans concession sur la famille, sur les non-choix, la peur, la duplicité. (p.82) :
« c’était un tout notre enfance.
L’excuser, elle, pour l’accuser, lui, ça ne marche pas en fin de compte. Elle a
laissé faire, voilà. Et même pour supporter ça, il a fallu qu’elle l’excuse
bien des fois. Qu’elle l’aime sans doute, ce qui fait d’elle une sorte de
complice - à la fois victime et complice ».
L’hiver du mécontentement, le vent de la révolte, la tempête
des possibles ?
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