Couverture : Hugues Vollant |
Comme la pipe de Magritte, ceci n’est pas un roman. Ce
pourrait être un « objet littéraire ». C’est en réalité une
déclaration d’amour. Multiple. D’amour de la vie, d’amour des autres de la part
de l’auteur. Une déclaration d’amour tout court, d’amour fraternel, d’amour
paternel, d’amour amical, d’amour lointain de la part des quelques personnes
appelées à témoigner. Erwan Larher était au Bataclan le 13 novembre 2015. Ses
amis l’ont convaincu d’écrire sur. Il les a convaincus d’écrire aussi. Et ce
chassé-croisé, si joliment entrelacé, d’un « tu » qui veut dire « je »
et de tous ces « je » qui veulent dire « nous », donne cet
ouvrage empli de vie et empreint de gravité. Erwan Larher montre une lucidité
surprenante, se rapproche au plus près des assaillants, avec une humanité à
fleur de peau pour tenter de vivre aussi, le 13 novembre de leur point de vue.
(P.69) : « Tu n’es rien. Alors tu tires. Pour devenir ».
Dépasser la douleur, la peur, l’effroi d’être passé si près de la mort. Non pas
dépasser, mais mettre de côté, en haut ou en bas, mais se décaler suffisamment
pour faire de cette violence aveugle, absurde, inouïe, de la littérature. Pas
du bavardage. Erwan Larher devait être un homme sacrément pétri d’humanité
avant le 13 novembre 2015, pour pouvoir écrire après (P.226) : « Tu
persistes à penser que les gens heureux ne tuent personne ».
Et que dire des témoignages extérieurs, les Vu du Dehors, emplis de pudeur, de
retenue, de colère, d’angoisse. De l’amour, toujours. (P.91) : « Ça
creuse une proximité, de penser si fort à quelqu’un, de lui parler à distance,
de prier sans foi, de croire comme une môme à s’en fendre les paupières… Ca
fore un nid dans le cœur ». (P.92) : « cette nuit-là, tu es devenu
un proche, je suis restée une lointaine ».
En acceptant d’écrire ce livre, et de cette manière, Erwan
Larher nous a invité dans sa tragédie. Nous qui n’étions pas au Bataclan, ni
aux terrasses de Paris. Nous qui avons quand même été saisis d’effroi sans trop
savoir si nous avions le droit d’être en deuil, sans mort à nous.
Voila un livre au sujet bien attractif !! Merci pour le conseil!
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