couverture : Guy Ferrandis SBS Productions |
J’ai un petit faible pour
Philippe Djian. Il fait partie de ces écrivains à qui je suis prête à pardonner
quelques errances dans l’histoire, parce que l’enjeu des livres de Djian est
ailleurs. Il est dans la langue, le rythme, la liberté vis-à-vis des règles
même de l’écriture. Djian lui-même le dit : l’histoire ne l’intéresse
pas. Il ne raconte pas d’histoire. Il raconte les hommes et les femmes. Les
errements de l’âme et du corps. Les contradictions. Les basculements. Les
dédoublements. Et de tout cela, il est question dans Oh…. Une femme coincée entre son grand fils, son ex-mari, sa mère,
sa belle-fille. Une femme emplie d’hésitations, de cas de conscience, de
doutes, et pourtant une femme que l’on devine solide, qui a surmonté un drame
familial dans son enfance, un divorce et qui dirige son entreprise. Une femme
qui, un soir, chez elle, se fait violer par un inconnu. Le grain de sable dans
la machine. Le point de basculement. Le déraillement. Car bien sûr, évidemment,
cette violence, chez elle, dans sa chair, la blesse et la révolte, mais…. Et
avec ce « mais », Philippe Djian nous emmène dans les méandres de son
esprit. Comme si cette violence imposée lui avait révélée sa propre violence
intérieure. (P.175) : « Le
démon habite-t-il un corps 24h sur 24 ou ne l’investit-il que par
instant ? ». Cette agression lui révèle aussi une part d’ombre
qu’elle ne soupçonnait pas. (p.238) : « Au fond, je ne pensais pas être une personne si étrange, si compliquée,
à la fois si forte et si faible. C’est surprenant. L’expérience de la solitude,
du temps qui passe est surprenante. L’expérience de soi ». Oh… explore
la relation de pouvoir que l'on a aux autres, dans l’entreprise, dans le
couple, dans la sexualité. (P.196) : « C’est un corps d’homme, une force d’homme contre lesquels je n’ai guère
de chance de l’emporter, mais le piquant de l’histoire, ce qui me ferait
sourire si je n’étais pas occupée à me débattre comme une enragée tandis qu’il
cherche à introduire son sexe en moi, c’est qu’il est en mon pouvoir de mettre
fin à son assaut dans la seconde, c’est qu’il m’appartient à moi, pauvre femme,
de renvoyer ou non cet imbécile à sa niche ». Pas de bien ni de mal
dans Oh…, pas de jugement moral, mais une observation quasi-scientifique des
êtres humains, de vous, de moi, qui nous débattons avec nos contradictions, nos
addictions, nos peurs, nos doutes, nos certitudes. Philippe Djian atteint son
but. Il fissure le miroir et nous le donne à traverser. On sort du livre plus
étonné, plus décontenancé, moins fermé que lorsqu’on y est entré.
j'avoue que j'aime bien les écrits de Philippe Djian . J'aime le fait qu'il s'attarde beaucoup sur la description corporelle de ses personnages. Au fait : Bon anniversaire Céline !
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