couverture : Jean Béraud |
Voici un livre absolument
délicieux qui enferme tout ce que le roman peut offrir : amour, aventure,
complot, trahison, duel… Gaëlle Nohant est partie d’un fait réel historique :
l’incendie du Grand Bazar de Paris en mai 1897. Un vaste entrepôt en bois qui
accueille une fois par an toutes les ventes de charité. Les stands sont tenus
par les femmes les plus en vue de l’aristocratie. Et notamment à leur tête, la
charismatique Duchesse Sophie d’Alençon, sœur de Sissi Impératrice. L’intelligence
de Gaëlle Nohant sera justement de ne pas rester dans le fait historique, mais
d’inclure dans cette galerie de portraits des personnages fictifs :
Violaine de Raezal, une veuve au passé sulfureux et Constance d’Estingel, jeune
fille tourmentée entre l’amour d’un homme et l’amour de Dieu. Tout s’imbrique
parfaitement. On devine un travail de recherche et de documentation titanesque.
Mais le style charmant, fluide et un tantinet désuet de Gaëlle Nohant nous
donne le parfum et l’esprit de cette époque. Une époque où la condition des
femmes est particulièrement dure : elles sont souvent reléguées au rang de
faire-valoir des maris. Gaëlle Nohant retranscrit parfaitement cette société
empruntée, hautaine, soucieuse des convenances à l’obsession, mais capable de
détruire une réputation d’une simple phrase. Et ces trois femmes : Sophie,
Violaine et Constance ont justement soif de liberté. Elles veulent s’affranchir
des convenances, arracher le droit de vivre comme elles l’entendent. Trois
vies, trois destins confrontés à l’épreuve du feu. L’incendie du Grand Bazar a
fait 130 morts en un quart d’heure. Une très grande majorité de femmes. Chaque
catastrophe agit comme un révélateur : de héros ordinaires, de sombres
lâches ou de mesquins détestables. Révélateur aussi de ce qui au final est
important, primordial. Et de ce qu’il faudra peut-être accepter d’abandonner
pour parvenir à renaître... la part des flammes, en somme.
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