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Couverture : René-Jacques |
Ni un roman, ni un récit… Patrick Modiano nous livre ici une
véritable enquête. A partir d’un avis de recherche publié dans Paris-Soir le 31 décembre 1941, Modiano
a cherché, fouillé, retourné les archives, les lieux et sa propre mémoire pour
tenter de reconstituer les derniers mois de Dora Bruder. Une jeune fille
française, juive, âgée de 16 ans en 1942. Et nous suivons au fil des pages, le
minutieux travail de recherche de cet écrivain, obsédé par la mémoire, l’oubli,
le passé. Patrick Modiano réussit à rendre leurs noms, leurs lieux et donc
leurs identités à Dora Bruder et ses compagnes d’infortune Claudine, Zélie,
Raca, Marthe ou Yvonne. Il retrouve aussi les lettres poignantes de parents, de
femmes, d’hommes qui demandent aux autorités françaises des nouvelles d’un
fils, d’une fille, d’un neveu (Albert Graudens, Nelly Trautmann, Zelik
Pergricht, Violette Lévy, Michaël Rubin, Paulette Gothelf…). Ce faisant,
Patrick Modiano redonne une épaisseur, une existence propres aux adultes et
enfants internés à Drancy en 1942 et 1943, avant d’être déportés à Auschwitz,
et dont très peu reviendront. Dans Dora
Bruder, on comprend aussi un peu mieux pourquoi Patrick Modiano a été tant
marqué par l’occupation nazie. Son père, juif d’origine italienne a lui aussi
été arrêté en 1942… « Si je n’étais pas là pour l’écrire,
il n’y aurait plus aucune trace de la présence de cette inconnue et de celle de
mon père dans un panier à salade en février 1942, sur les Champs-Elysées. Rien
que des personnes -mortes ou vivantes- que l’on range dans la catégorie des
individus non identifiés » (p.65). On apprend aussi que sa chambre d’enfant a
servi d’abri à un résistant : le Zébu. « D’autres,
comme lui, juste avant ma naissance, avaient épuisé toutes les peines, pour
nous permettre de n’éprouver que de petits chagrins » (p.99). Et c’est bien cela
qui pousse Patrick Modiano, sans cesse, a fouillé le passé de Paris occupé.
Cette reconnaissance incommensurable, cette conscience forte de ce qu’il doit (et
nous tous avec lui) à ceux qui l’ont précédé. Oui. Avec des œuvres comme celle
de Patrick Modiano, la littérature rend un visage à ces hommes, femmes et
enfants, morts de la cruauté d’autres hommes. Morts en résistant chacun à leur
manière. Comme cette dizaine de jeunes françaises non juives qui ont porté
l’étoile jaune en solidarité et qui furent internées à Drancy dans la catégorie
« amies des juifs ». Patrick Modiano leur rend une identité, une
profession : dactylos, marchandes de journaux, femmes de ménages,
employées des PTT, étudiantes. Et grâce à lui, nous les connaissons un peu.
Merci pour cet éclairage qui donne envie de découvrir ce livre de Patrick Modiano.
RépondreSupprimerPatriiiick, je l'aime déjà; -) Merci pour les extraits qui titille notre appétit de lecture. Vivement les longues soirées d'hiver.
RépondreSupprimerPatriiiick, je l'aime déjà; -) Merci pour les extraits qui titille notre appétit de lecture. Vivement les longues soirées d'hiver.
RépondreSupprimerPatriiiick, je l'aime déjà; -) Merci pour les extraits qui titille notre appétit de lecture. Vivement les longues soirées d'hiver.
RépondreSupprimerMerci à vous deux pour votre retour !
RépondreSupprimerJerry, tiens moi au courant de ce que tu en as pensé !
Géraldine, pour les longues soirées d'hiver, j'ai plein d'autres idées !! ;o)