couv : Xabier Mendola |
Un chef d’œuvre éblouissant d’érudition et de finesse. Confiteor retrace l’histoire de
l’Espagne et plus largement de toute l’humanité, à travers le prisme des
Ardevol. Adria Ardevol entreprend de raconter l’histoire de sa famille ; et
notamment la vie de son père Felix, un collectionneur d’objets anciens. Nous
suivons ainsi les pérégrinations de ces objets : tableaux, manuscrits
originaux et surtout une médaille et un violon, le Vial de Storioni, du XVIIeme siècle. Jaume Cabré nous
entraine sur le parcours de ces objets pour dessiner en creux l’histoire de sa
famille et la trajectoire de l’Espagne, à travers les périodes les plus noires
de l’Histoire : l’Inquisition, la Seconde Guerre Mondiale, le Franquisme. Il
nous emmène, tels des passagers du temps, d’un monastère du XIVème siècle à l’atelier
d’un luthier du XVIIème siècle, en passant par l’abomination d’Auschwitz. La
lecture n’est pas facilitée par une chronologie chaotique et des règles de ponctuation
foulées au pied. Mais tout cela fait sens. Il n’y a aucun effet superflu de la
part de l’auteur. Chaque personnage (et ils sont nombreux) est doté d’une
épaisseur, d’une présence ; parfois avec si peu de mot. C’est le
personnage le plus éphémère de tous, qui vous reste à l’esprit, comme marqué au
fer rouge. Des semaines après la lecture de ce roman, ce petit morceau de tissu
sale m’obsède encore… Je garde aussi en tête cette réflexion sur Primo Lévi et Paul
Celan : « Ils sont morts d’avoir écrit l’horreur. Ecrire c’est
revivre. » (p.652).
Confiteor forme une
fresque de l’humanité à tous les âges, avec cette constance de l’être humain dans
la médiocrité, la malignité et la bassesse. Jaume Cabré dresse un portrait sans
concession et sans illusion de l’Homme. Et, la dernière page tournée, on reste
longtemps un goût amer en bouche. Confiteor :
un roman lumineux, flamboyant, comme l’éclat d’une étoile à sa mort.
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