Je ne connais pas grand-chose à la boxe, mais je pense que
ce livre doit correspondre à ce qu’on appelle un uppercut. Il m’a sonnée. 24h00
après l’avoir refermé, j’étais encore sous le choc. Sorj Chalandon a été grand
reporter pour Libération. Il connait bien les conflits armés et sait
retransmettre parfaitement la violence, la terreur et l’absurdité de la Guerre.
Ce sentiment d’être pris dans un engrenage que rien ne peut parvenir à briser. Et comment finalement, la vie ne tient plus qu'à ... pas grand chose : «J'étais de ces ombres fragiles dont les fusils se lassent.» (p.178). Le quatrième mur, c’est l’espace ouvert de la scène qui relie les comédiens au
public dans un théâtre. Le livre de Sorj Chalandon, c’est une histoire de guerre
mais aussi une histoire de théâtre. Le pari un peu fou d’un idéaliste qui
entreprend de monter Antigone d’Anouilh à Beyrouth en pleine guerre du Liban.
Quel pouvoir peuvent bien avoir les mots, le théâtre, la culture face au
déchaînement de la violence ? Comment parvenir à réunir sur une scène des
soldats de tous les camps opposés pour une trêve de quelques heures ? On
est emmené dans cette histoire. Et on se prend à rêver nous aussi d’un peu de
paix dans cette ville dévastée. Les personnages sont construits à la
perfection. Le roman nous ouvre l’âme de ces combattants de la guerre ou de la
paix (c’est selon) et il apporte un véritable éclairage sur le conflit au Liban
et finalement, sur tous les conflits encore en cours actuellement. Le Quatrième
Mur, c’est aussi une magnifique histoire d’amitié. Une promesse impossible à
trahir. Ce roman est un concentré d’amour et de haine. Il m’a touchée comme
jamais un livre ne l’avait fait auparavant. Je l’ai terminé en larmes. La
dédicace est déjà bouleversante :« A Valentine, qui me demande si elle aura le droit d’emmener son doudou au ciel ».
S’il y a un livre à lire cette année, c’est celui-ci. Je ne
comprendrais pas que Sorj Chalandon ne reçoive pas le Prix Goncourt le 4
novembre prochain.
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