mardi 9 avril 2019

Le matin est un tigre de Constance Joly

couverture : Shutterstock.com

Alma s’éteint et sa fille, Billie, se consume.
Alma ne vit pas, elle se cache. Elle se retire du monde, se réfugie dans ses rêveries, converse avec les absents, pour ne pas faire face à ceux qui sont là. (p.108) :« Alma a le don d’appeler les morts à elle, pour la réconforter des vivants, quand ceux-ci la désespèrent ». Alma est en fuite d’elle-même. Mais c’est sa fille qui s’efface. Inexorablement. Victime d’un mal qui la ronge. Comment résister lorsqu’il n’y a pas de combat à mener ? Juste une attente. Tenir et attendre. Et chercher la beauté coûte que coûte pour ne pas se laisser dévorer. La beauté contre la laideur.
Constance Joly use d’une obscure métaphore de chardon pour décrire le mal de vivre. Cette boule qui serre la gorge, comprime les poumons et chasse la vie. Parfois, les mots sont vains, incapables de dire l’amour en absence de désir, dire l’angoisse, l’effroi devant son enfant qui souffre. 
Depuis des années, peut-être depuis toujours, Alma ne sait pas vivre. Elle fonctionne. Elle ne vit pas. Pas avec les autres. Uniquement avec ses fantômes.
Mais à travers tout cela, c'est de transmission dont il est question... Pas de ce beau passage de témoin entre parents et enfant. La musique qu’on partage, les livres qu’on conseille. Non. Constance Joly nous parle de la transmission toxique. Les pierres qui alourdissent nos poches et que nous déposons inconsciemment dans celles de nos enfants. Et si finalement, le plus beau cadeau ce n'était pas de donner la vie ? Et si, le don le plus précieux était de transmettre le goût de la vie ? 


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