lundi 27 août 2018

La vraie vie d’Adeline Dieudonné

Couverture : Quintin Leeds

La vraie vie est un premier roman… d’une vraie écrivaine. Adeline Dieudonné parvient à nous faire pénétrer dans l’atmosphère irrespirable d’une famille soudée par la violence. Un père chasseur qui aime le goût du sang. Il est pervers, rusé, animal. La mère s’efface le plus possible pour ne pas attirer l’attention. Mais c’est la fille adolescente qui raconte : les périodes de liberté quand le père est parti en safari, la chambre des cadavres où il conserve jalousement ses trophées, la terreur quand il rentre. Elle raconte aussi les sciences, la connaissance, sa seule porte de sortie et les cours qu’elle suit en secret auprès du professeur Pavlovic. (p.134-135) : « son goût pour l’anéantissement allait m’obliger à me construire en silence, sur la pointe des pieds ».
D’un côté, la construction intellectuelle et émotionnelle d’une adolescente. De l’autre, son combat pour ne pas être contaminée par la violence ambiante (p.234) : « Je n’avais pas pleuré depuis l’épisode du jeu de nuit. Quelque chose s’était fossilisée à l’intérieur. Je me suis dit que c’était mauvais signe. Je refusais d’être une proie ou une victime, mais je voulais rester vivante ». Et au milieu, Gilles, le petit frère et son dangereux besoin d’amour et de reconnaissance du père. Malgré l’angoisse, la tension, l’odeur du sang et du fauve, l’écriture d’Adeline Dieudonné est lumineuse parce qu’elle écrit à hauteur d’adolescence. Une urgence absolue traverse le livre de bout en bout. Et c’est cela, au fond, la vraie vie, une course en avant et l’espoir d’échapper à la bête, le plus longtemps possible.  

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