Couverture : Quintin Leeds |
La vraie vie est un premier roman… d’une vraie écrivaine.
Adeline Dieudonné parvient à nous faire pénétrer dans l’atmosphère irrespirable
d’une famille soudée par la violence. Un père chasseur qui aime le goût du
sang. Il est pervers, rusé, animal. La mère s’efface le plus possible pour ne
pas attirer l’attention. Mais c’est la fille adolescente qui raconte : les
périodes de liberté quand le père est parti en safari, la chambre des cadavres
où il conserve jalousement ses trophées, la terreur quand il rentre. Elle
raconte aussi les sciences, la connaissance, sa seule porte de sortie et les
cours qu’elle suit en secret auprès du professeur Pavlovic. (p.134-135) : « son goût pour l’anéantissement
allait m’obliger à me construire en silence, sur la pointe des pieds ».
D’un côté, la construction intellectuelle et émotionnelle d’une
adolescente. De l’autre, son combat pour ne pas être contaminée par la violence
ambiante (p.234) : « Je n’avais
pas pleuré depuis l’épisode du jeu de nuit. Quelque chose s’était fossilisée à
l’intérieur. Je me suis dit que c’était mauvais signe. Je refusais d’être une
proie ou une victime, mais je voulais rester vivante ». Et au milieu,
Gilles, le petit frère et son dangereux besoin d’amour et de reconnaissance du
père. Malgré l’angoisse, la tension, l’odeur du sang et du fauve, l’écriture d’Adeline
Dieudonné est lumineuse parce qu’elle écrit à hauteur d’adolescence. Une
urgence absolue traverse le livre de bout en bout. Et c’est cela, au fond, la
vraie vie, une course en avant et l’espoir d’échapper à la bête, le plus longtemps
possible.
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