couverture : Philippe Narcisse |
Rémi, 6 ans, disparaît dans la forêt, un jour de décembre. Antoine,
12 ans, est bouleversé par la mort d’un chien. Nous sommes en France, en 1999,
quelques jours avant la grande tempête. Pierre Lemaitre combine à merveille ces
trois éléments pour en faire un roman haletant. Impossible d’en dire davantage
sous peine de divulgâcher, comme disent nos cousins du Québec. Ce que l’on peut
évoquer en revanche, c’est l’acuité du regard de Pierre Lemaitre sur la société
et les individus qui la composent. Ce sont surtout les individus qui
l’intéressent, même les plus simples, surtout les plus simples… Comme la mère
d’Antoine, par exemple, cette brave Madame Courtin (p.176) : « Elle était de ces êtres chez qui la
réflexion empiète souvent sur les autres fonctions ». Une phrase,
somme toute un peu acerbe, pour dire une femme naïve, discrète, peut-être un
peu sotte. Effacée, candide, ne veut pas dire faible. Madame Courtin élève
seule Antoine, entre un père absent et un patron intransigeant. Pierre Lemaitre
connait parfaitement la nature humaine. Alors, il ne se laisse pas abuser par
une naïveté trop évidente. Chacun sait qu’on ne connait jamais vraiment son
prochain.
Et c’est bien ainsi que fonctionne la société. Chacun se
montre sous son meilleur jour. Toujours sauver les apparences, donner une image
acceptable de soi, pour que le monde tourne, quoi que nous vivions dans
l’intimité. S’arranger de ses mensonges, de ses fautes ou de ses mauvaises
pensées. La liberté peut se vivre en catimini. Et l’impunité peut se révéler la
plus hermétique des prisons. Au milieu, il y a quelques hommes et femmes qui se
débattent au mieux. Laisser souffler les vents mauvais, accepter les vents
porteurs. Et la tempête emportera ce qui doit l’être.
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