Stacy Billon est élève dans un lycée professionnel d’une
ville portuaire dans l’ouest de la France. C’est une jeune blonde, moyenne,
invisible, en colère. Elle couche avec tous ceux qui la désirent et notamment
avec le Combattant. Musulman radicalisé, il prépare un attentat et compte bien
utiliser la colère de Stacy-la-petite-gauloise pour mener l’opération.
Deux haines réunies, deux volontés de tuer la société. Peu
importe les raisons de chacun. (p47) : « Tu as tes raisons pour faire mal à ce monde-là, moi aussi. Toi
c’est pour Allah, moi c’est parce que le monde est laid et qu’il ne m’intéresse
pas ». Relation de deux êtres toxiques, rapports de force, d’emprise
et de manipulation réciproque. Jérôme Leroy construit ses personnages (même
s’il peut parfois être à la limite de l’outrance, avec son prof puceau). Il
sait soigner ses rebondissements et ne tombe finalement pas dans la facilité.
Avec une sorte d’ironie narquoise, il prend les analyses politiques à
contre-pied, se joue des Bien-Pensants. Après Jugan et le Bloc, Jérôme Leroy poursuit
sa descente dans les méandres d’une société malade. Avec La petite gauloise, il part à la rencontre d’une jeunesse sans
repère, en colère. Et ce qui est peut-être le plus grave, une jeunesse sans
espoir ni attente. Dans ce livre il est question de frustration. Frustration
sociale, mais aussi sexuelle. Jérôme Leroy s’intéresse aux corps : ceux
dont on use et abuse, ceux que l’on désire et convoite. Et ceux que personne ne
songe même à regarder. Colère, frustration, indifférence, violence, un cocktail
instable et dangereux. La Petite Gauloise est un livre court, incisif. Un récit tendu qui tient en haleine et appuie
où ça fait mal. Les plaies sont multiples et diverses. L’origine du mal est
auto-immune : la société a créé son propre ennemi.
Voila un excellent conseil de lecture !! Merci Céline !
RépondreSupprimerMerci Jerry Ox.
SupprimerA lire du même auteur (j'ai préféré) Jugan.