couverture : collection de l'auteur |
Voici un livre déroutant, une enfance
dans une famille salafiste en Syrie puis en Arabie Saoudite. Omar Youssef
Souleimane ne propose pas un récit linéaire, mais plutôt des impressions, des
épisodes. Il commence par son arrivée en France, puis laisse ses souvenirs d’enfance
remonter à la surface. On découvre un pays (l’Arabie Saoudite) gouverné par
l’islam radical. La religion est omniprésente. Elle régit le moindre instant du
quotidien : comment s’habiller, comment regarder les autres, quelle main
tendre pour recevoir un prix. A l’adolescence, lorsque le corps s’éveille au
désir, la religion agit comme une chape de plomb. Tout est interdit, pêché. Il
y a de la peur et de l’angoisse dans chaque page de ce livre. Sentiment d’oppression,
d’étouffement : les interdits religieux, la commission de l’obligation du
bien et de l’interdiction du mal, les châtiments, les arrestations et la
crainte d’être écouté par des agents infiltrés.
Comment parvient-on à se
libérer de son éducation quand toute sa vie, son comportement, son rapport au
corps et aux autres, sont conditionnés par la religion ? Comment s’affranchir
de sa propre famille ? Les poèmes d’Eluard et Aragon sont-ils
suffisants ? Pour Omar Youssef Souleimane, les premiers questionnements
apparaissent lors d’un pèlerinage à la Mecque. (p.160) : « On payait
cher pour ces circonvolutions, alors que nous aurions pu faire la même chose
autour de n’importe quel bâtiment dans une ville quelconque : quelle est
la différence ? Allah n’est-il présent qu’à la Mecque ? ». Mais
le jeune Omar lutte encore pour être un « bon musulman », torturé par
les « mauvaises » pensées qui l’assaillent. (P.173) : « Je
voulais devenir un martyr le plus vite possible pour apaiser la douleur causée
par le doute et aller au Paradis ».
La figure maternelle joue
incontestablement un rôle dans le choix d’Omar Youssef Souleimane, de s’émanciper
de l’islam radical. (p.197) : « Si ma mère n’avait pas été là, la
famille se serait disloquée. Pour nous, elle représentait la liberté, la
patience, la tendresse et le sérieux. Le départ de notre père n’aurait rien
changé, si ce n’était nos revenus ». Constat cruel. C’est pourtant
l’arrestation et le passage à tabac de son père qui poussera Omar Youssef
Souleimane à quitter la Syrie et rejoindre la France. Contraint de choisir
entre la liberté et son éducation, la solitude et sa famille. (P.206) :
« Sans Dieu, c’est comme si désormais ma vie était pleine ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire