Un soldat de la Première Guerre
Mondiale, revient du front, amnésique. Parlant aussi bien le français que
l’allemand. Est-il Français ? Allemand ? Espion ?
Simulateur ? Déserteur ? Les traumatisés de guerre, sans blessure
apparente, sont considérés comme déserteurs et simulateurs par les médecins de
l’époque comme Babinski ou Sicard. La psychiatrie est à peine née, pour les
soigner, on leur inflige des traitements de choc (bains d’eau glacé,
électrochocs…) pour vite les renvoyer au front. Antoine Rault a fait un choix
original dans la construction de son roman, en insérant des commentaires ou des
précisions historiques. Concernant le traitement de ce que l’on appelle encore
l’Obusite (p.18) « Petite précision
intéressante : en France, les traumatismes psychiques dus à la guerre ne
sont reconnus comme des blessures ouvrant droit à une invalidité que depuis
1992 ». La Valse des Vivants, ce ballet politique et diplomatique, le
mépris des vainqueurs pour les vaincus, l’humiliation de l’Allemagne. Dont on
comprend qu’ils seront le terreau de la guerre suivante. La Valse des Vivants,
cette danse enlevée qui laisse de côté les sans personne, les sans histoire,
les presque-morts. Comment continuer à vivre, comment seulement fonctionner,
lorsqu’on ne sait pas qui on est, ni d’où l’on vient ? Seul souvenir de
Charles : la guerre. Son seul ami : un corps mort déchiqueté par un
obus. Sa seule identité : soldat. La guerre lui apparaît alors comme son
seul lieu d’existence, son seul espoir pour se trouver. (p.268) : « En plongeant dans la guerre, en
risquant sa vie, il saura. Il saura qui il est. Forcément. Car alors chacun
apprend son courage ou sa faiblesse, sa dignité ou sa bassesse, son humanité ou
sa barbarie. Personne ne peut tricher, mentir, face au feu, à la mort. La peur
nous révèle tout ». Puissante réflexion sur l’identité (p.105) : « Comment pouvez-vous comprendre ?
Comment pouvez-vous savoir ce que ça fait d’être incapable de penser à
quelqu’un que vous aimez, de voir son visage, son sourire, de savoir que
quelqu’un vous aime et vous attend ? Ce qu’il ressent soudain, c’est une
infinie solitude ». Charles est absent à lui-même. Solitude ultime de
celui qui ne peut même pas être avec lui-même.
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