Aurélien Gougaud signe un premier
roman à la fois cynique et drôle, sur cette mystérieuse génération Y. La
rencontre de deux trentenaires avec des conceptions de l’amour, bien arrêtées.
Elle, tout d’abord : (p.9) : « Sa
relation aux hommes est à l’image de sa manière de manger : le goût des
bonnes choses mais la flemme de prendre le temps. Du coup elle mange des McDo,
des sushis, des pizzas. Du coup elle a des plans cul, des rêves, des MST. Pour
elle, l’amour, c’est juste se rendre suffisamment indispensable à une personne
pour pouvoir passer à la suivante. Laisser une trace indiciblement douloureuse
là où l’autre ne laissera qu’un prénom oublié dans un répertoire à
rallonge ». Et Lui (p.14-15) « Aimer,
c’est pour ceux qui n’ont que ça à faire. C’est la solution la plus populaire
pour donner du sens aux vies qui en sont dénuées. Un être, vivant à nos côtés,
un soutien, une épaule, une présence, un sentiment qui ne nous quitte pas,
auquel on choisit de croire aveuglément. Un peu comme Dieu. Mais en vrai ».
Elle, semble plus désabusée, en quête de sens. Elle va rapidement plaquer son
job, ingrat, et élabore un projet de voyage, pour le moins radical. Lui, paraît
plus pragmatique. Un job qui tient plus de l’escroquerie organisée, que de la
vente à distance. Une relation amoureuse qui bat de l’aile et à laquelle il
refuse de renoncer. (p.91-92) : « Il
n’avait pas peur de la perdre, juste de ne plus la posséder. Il n’a pas besoin
d’elle mais ne peut accepter la réciproque. La sentir vulnérable, malgré la
distance, matérialiser un souvenir agréable comme l’on garde, dans le fond d’un
tiroir, un beau vêtement devenu trop petit. C’est aussi ça, l’amour. L’amour
des dominants. Laisser une trace. Peu importe le reste. On existe aussi par le
mal qu’on fait aux autres. C’est comme ça. Il existe ». Le roman
d’Aurélien Gougaud est construit comme un instantané. Il se déroule sur une
semaine. Elle et Lui vont bien sûr se rencontrer. Mais il n’y a pas de guimauve
ou d’eau de rose dans ce livre. Plutôt un réalisme teinté d’une certaine
poésie. Un humour corrosif. Une histoire qui trompe son monde, où le début
ressemble à une fin. C’est charmant, insolent, vif et acide. Un brin désabusé.
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