Couverture : Valeriy Kachaev |
Voici sans doute l’une des plus
belles découvertes de la rentrée littéraire de janvier…. Une fable fantasque
mettant en scène un couple d’amoureux chroniques, sous l’œil admiratif de leur
fils. Un conte poétique, léger, doux-amer au charme subtil et légèrement désuet.
Une histoire d’amour jusqu’au-boutiste. Elle, sérieusement atteinte d’une folie
douce, refusant obstinément la réalité, préférant la fantaisie, le décalage,
jusqu’au vertige. Lui, amoureux transi, un brin frappadingue et adepte de la
folie consentante. Tous les deux se vouvoient, s’inventent un quotidien
magique, une bulle de folie dans la grisaille du monde. Et au milieu, un peu en
dessous, leur fils, qui observe, apprend, rêve à leur côté. Et en attendant ce
Bojangles charmant, sautillant, on se prend à y croire, à en rêver… On jalouse
un peu ce couple qui se réinvente, jusque dans les prénoms, chacun matin. Cette
femme libre qui apprend à son fils à mentir, à l’endroit et à l’envers, pour
lutter sans fin contre la réalité étouffante. Cet homme fou d’amour qui promet,
jure et ne renonce jamais. Cet enfant qui se demande « mais comment font
les autres enfants pour vivre sans mes parents ? ». Il y a chez
Olivier Bourdeaut une douce mélancolie sous le rire, une tristesse dans la
joie, comme dans la chanson de Nina Simone… Cette fable n’est pas si légère
qu’elle veut bien s’en donner l’air, car on le sent assez rapidement, tout cela
n’est pas voué à tenir. Olivier Bourdeaut sait admirablement bien décrire la légèreté apparente, le poids des sentiments et la fêlure de ses personnages. Ce livre est, avant tout autre chose, une magnifique
déclaration d’amour d’un enfant à ses parents. Un enfant qui parait parfois plus adulte que ses parents et à la fois plus fragile. C’est aussi, un livre sur la
transmission : comment aider son fils à garder cette magie, cette naïveté
lucide de l’enfance. Une richesse inestimable ! Et puis, c’est bien sûr une sublime histoire d’amour.
Avec, en creux, le portrait d’un homme prêt à tout par amour, sans
compromission, sans concession, sans hésitation. C'est le père qui m'a le plus émue, par sa façon si tendre de parler de sa femme et sa façon si forte de l'aimer. Dernier petit conseil, lisez
ce livre avec en sourdine Nina Simone En attendant Bojangles… Et dansez,
dansez.
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