Couverture : Ute Klaphake |
Ce roman est construit comme une
conversation à plusieurs. Conversation à bâtons rompus entre une femme (la
narratrice) et sa mère, dame âgée à la mémoire incertaine. Entrecoupée des
souvenirs et des écrits de Georges Bernanos. Lydie Salvayre nous plonge dans l’Espagne
de 1936. La montée de Franco, la guerre civile espagnole, la découverte aussi
de la ville et de la vie par la petite campagnarde Montse (la mère). Cet été 36
est la seule année dont se souvient réellement Montse. Le reste, Alzheimer est en train de l'effacer. Mais cet été 36, c’est l’essentiel. C’est l’année de la liberté, de la
découverte de l’amour. Plutôt curieux, en pleine guerre civile, avec les atrocités que
l’on sait et que Bernanos dénonce. Lui, le catholique conservateur, et qui
ouvre les yeux, dessille le regard et ne peut plus faire comme s’il ne voyait
rien. Les exécutions sommaires, l’épuration soutenue par l’Eglise. (p.212)
Bernanos : « Il y a quelque chose de mille fois pire que la férocité
des brutes, c’est la férocité des lâches ». En face, Josep, le frère de
Montse, épris de liberté et de justice. Il porte les idéaux d’une jeunesse qui réclame
la fin des privilèges. Il milite, veut faire la révolution, abolir la propriété…
Mais lui aussi va se heurter aux exactions de son camp. La guerre n’est pas
propre. (p.134) Josep : « On peut donc tuer des hommes sans que leur
mort occasionne le moindre sursaut de conscience, la moindre révolte ? On
peut donc tuer des hommes comme on le fait des rats ? Sans en éprouver le
moindre remords ? Et s’en flatter ? ». La guerre, c’est plus que
la mort. C’est la libération de la bête. Celle qui dort en chacun de nous. Pas
Pleurer, c’est à la fois un livre sur l’innocence, la liberté, l’espoir, la vie
et sur la guerre, la désillusion, la lâcheté, la bestialité. C’est un livre sur
ce qui fait un être humain, dans sa totalité.
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