vendredi 29 janvier 2016

Pas Pleurer de Lydie Salvayre

Couverture : Ute Klaphake 
Ce roman est construit comme une conversation à plusieurs. Conversation à bâtons rompus entre une femme (la narratrice) et sa mère, dame âgée à la mémoire incertaine. Entrecoupée des souvenirs et des écrits de Georges Bernanos. Lydie Salvayre nous plonge dans l’Espagne de 1936. La montée de Franco, la guerre civile espagnole, la découverte aussi de la ville et de la vie par la petite campagnarde Montse (la mère). Cet été 36 est la seule année dont se souvient réellement Montse. Le reste, Alzheimer est en train de l'effacer. Mais cet été 36, c’est l’essentiel. C’est l’année de la liberté, de la découverte de l’amour. Plutôt curieux, en pleine guerre civile, avec les atrocités que l’on sait et que Bernanos dénonce. Lui, le catholique conservateur, et qui ouvre les yeux, dessille le regard et ne peut plus faire comme s’il ne voyait rien. Les exécutions sommaires, l’épuration soutenue par l’Eglise. (p.212) Bernanos : « Il y a quelque chose de mille fois pire que la férocité des brutes, c’est la férocité des lâches ». En face, Josep, le frère de Montse, épris de liberté et de justice. Il porte les idéaux d’une jeunesse qui réclame la fin des privilèges. Il milite, veut faire la révolution, abolir la propriété… Mais lui aussi va se heurter aux exactions de son camp. La guerre n’est pas propre. (p.134) Josep : « On peut donc tuer des hommes sans que leur mort occasionne le moindre sursaut de conscience, la moindre révolte ? On peut donc tuer des hommes comme on le fait des rats ? Sans en éprouver le moindre remords ? Et s’en flatter ? ». La guerre, c’est plus que la mort. C’est la libération de la bête. Celle qui dort en chacun de nous. Pas Pleurer, c’est à la fois un livre sur l’innocence, la liberté, l’espoir, la vie et sur la guerre, la désillusion, la lâcheté, la bestialité. C’est un livre sur ce qui fait un être humain, dans sa totalité.

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