Couverture : Manon Baba
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Un très beau livre sur le
déracinement, la recherche de l’identité, l’adolescence. Une adolescence
particulière : celle d’Olivio. Un jeune garçon parti du Portugal à l’âge
de 7 ans avec sa mère, pour fuir la dictature de Salazar. Son père est mort
dans les geôles fascistes, après avoir été torturé. On suit l’exil d’Olivio
jusqu’en France. Il découvre une autre langue, une autre culture. Le souci d’intégration
de la mère d’Olivio : vite apprendre à parler français, surtout ne pas se
faire remarquer. On est ainsi témoin de l’installation de la famille à Lyon,
mais à travers les yeux d’enfant d’Olivio. Un enfant à qui on n’explique pas
tout et qui doit se dépêtrer de sa nouvelle vie un peu comme il peut. Il va se
lier d’amitié avec Ahmed, un jeune immigré de son âge, arrivé d’Algérie. Les deux
garçons vont s’aider à grandir. Ce livre est doux et tranquille comme un
ruisseau qui suit son cours, inexorablement, sans retour, malgré les tourments. L’écriture de
Brigitte Giraud est toute en nuance. Elle procède par touches. L’essentiel est
tu. Elle dresse un portrait en creux. Olivio se cherche, sa relation avec Ahmed
est ambiguë. Un mélange de fascination, d’attirance et de violence. Cette colère
rentrée de ne pas tout comprendre, de se heurter aux non-dits et aux tabous. Cette culpabilité aussi d’avoir cru son père
marin au long court, alors qu’il était déjà mort. Cette envie de se rappeler
ses racines portugaises. Nous serons des héros rend hommage à toutes ses familles déracinées
qui ont contribué à la construction de la France. Il n’y a pas de jugement chez
Brigitte Giraud, pas de discours politique, ni de revendication. Il y a juste
des portraits de femmes, d’enfants et d’hommes qui ont dû fuir une tragédie et
qui ont essayé du mieux qu’ils pouvaient de se construire une vie meilleure à l’abri
de nos frontières. Pas la peine d’insister sur la portée actuelle de ce livre.
Il a le mérite de donner un visage, un prénom, une histoire et une vie à ceux
que l’on appelle les migrants. Oubliant parfois qu’ils sont des êtres humains
avant tout.
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