couverture : Saul Leiter |
Après la fin du XIXème siècle dans La
Part des Flammes, puis les années folles et la Seconde Guerre Mondiale dans La
légende d’un dormeur éveillé, Gaëlle Nohant explore l’après-guerre, jusqu’aux
années 70 dans ce nouveau roman tout juste paru.
Eliza fuit. Cette américaine, blanche, bourgeoise
a quitté mari et enfant. C’est plutôt rare et très mal vu en ce début des
années 50. (p.28) : « cela va
à l’encontre de tout ce qu’on nous apprend, que les mères sont faites pour se
sacrifier, que c’est leur destin depuis le fond des âges ». On se
doute qu’elle a d’excellentes raisons, et le lecteur les découvrira au fil des
pages…
De Chicago, elle rejoint Paris et prend
le nom de Violet Lee. Cette « femme révélée » commence par s’effacer,
se faire la plus invisible possible. Elle se dissimule derrière son appareil
photo et observe le monde, le comprend de mieux en mieux. (p.52) : « Mon Rolleiflex, chambre à attraper
les images, à retenir ce qui va mourir ».
Comme dans un bain de révélateur, Violet
va peu à peu se dévoiler, s’émanciper et se trouver. Par le corps réveillé d’abord :
les vibrations des clubs de jazz, la brûlure du whisky, le désir d’un homme.
Elle se révèle aussi dans son refus de l’injustice et sa quête de vérité. Au-delà
de l’émancipation d’une femme, Gaëlle Nohant nous parle d’engagement, de combat
contre la ségrégation, pour les droits civiques, pour les droits des femmes,
contre la guerre du Vietnam. Toutes ces luttes convergent vers une seule et
même cause : l’égalité des êtres humains. Ce combat est encore loin d’être
gagné. Peut-être est-il vain. Ce n’est pas une raison pour l’abandonner…
« Je ne peux pas être pessimiste parce que je suis vivant ». James Baldwin (p.368).