samedi 18 mai 2019

Les Mal-Aimés de Jean Christophe Tixier

couverture : Yolande de Kort

L’enfance. Toute la vie de Jean-Christophe Tixier tourne autour de l’enfance : il fut directeur d’école, il est auteur-jeunesse. Les Mal-Aimés est son premier roman adulte, mais il parle d’enfants. Les enfants du bagne. Un thème qu’il a abordé, en Jeunesse, avec Traqués sur la Lande. Mais il n’en avait pas fini avec ces prisons pour enfants perdus. Des bâtisses froides, humides, qui soustrayaient aux regards, les enfants mendiants ou simplement turbulents. 8 ans, 10 ans, 13 ans… Condamnés pour vols, mendicité, atteintes à la pudeur. Des enfants mal nourris, maltraités, battus, violés. Des enfants entourés du silence des villageois. Car dans tout bagne, des riverains venaient travailler, étaient témoins des mauvais traitements, mais ne dénonçaient pas. Parfois, ils profitaient de ces enfants, main d’œuvre bon marché.
Les habitants « du creux » sont rongés par la culpabilité. (p.271) : « Ce mal que tout le monde tait, mais que chacun transpire ». En 1901, l’Etat veut se séparer de l’Eglise, mais les mentalités sont encore attachées aux superstitions : la vengeance des morts, le diable, la colère de Dieu. Alors quand des meules de foin brûlent, quand des animaux meurent d’infections mystérieuses, les cœurs se serrent, les ventres se contractent et les yeux cherchent des coupables pour expier les fautes.
Jean-Christophe Tixier décrit les corps qui souffrent, les âmes sans repos, les mains qui tremblent. Tout est rude, rugueux, râpeux. Les corps n’ont jamais de répit : la terre, le travail, l’air, les vêtements même sont rêches et durs. Mais c’est la peur la plus douloureuse. Celle qui fait perdre pied, perdre raison. Avec en décor, le creux et la falaise, des lieux maudits par la brutalité des hommes.
Les mal-aimés, ce sont quand même des êtres aimés. Ici, je doute qu’un seul ne l’ait jamais vraiment été.

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