couverture : Yolande de Kort |
L’enfance. Toute la vie de Jean-Christophe Tixier tourne
autour de l’enfance : il fut directeur d’école, il est auteur-jeunesse. Les Mal-Aimés est son premier roman
adulte, mais il parle d’enfants. Les enfants du bagne. Un thème qu’il a abordé,
en Jeunesse, avec Traqués sur la Lande.
Mais il n’en avait pas fini avec ces prisons pour enfants perdus. Des bâtisses
froides, humides, qui soustrayaient aux regards, les enfants mendiants ou
simplement turbulents. 8 ans, 10 ans, 13 ans… Condamnés pour vols, mendicité,
atteintes à la pudeur. Des enfants mal nourris, maltraités, battus, violés. Des
enfants entourés du silence des villageois. Car dans tout bagne, des riverains
venaient travailler, étaient témoins des mauvais traitements, mais ne
dénonçaient pas. Parfois, ils profitaient de ces enfants, main d’œuvre bon
marché.
Les habitants « du creux » sont rongés par la
culpabilité. (p.271) : « Ce
mal que tout le monde tait, mais que chacun transpire ». En 1901,
l’Etat veut se séparer de l’Eglise, mais les mentalités sont encore attachées
aux superstitions : la vengeance des morts, le diable, la colère de Dieu.
Alors quand des meules de foin brûlent, quand des animaux meurent d’infections
mystérieuses, les cœurs se serrent, les ventres se contractent et les yeux
cherchent des coupables pour expier les fautes.
Jean-Christophe Tixier décrit les corps qui souffrent, les
âmes sans repos, les mains qui tremblent. Tout est rude, rugueux, râpeux. Les
corps n’ont jamais de répit : la terre, le travail, l’air, les vêtements
même sont rêches et durs. Mais c’est la peur la plus douloureuse. Celle qui
fait perdre pied, perdre raison. Avec en décor, le creux et la falaise, des
lieux maudits par la brutalité des hommes.
Les mal-aimés, ce sont quand même des êtres aimés. Ici, je
doute qu’un seul ne l’ait jamais vraiment été.
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