mercredi 22 octobre 2014

La condition pavillonnaire de Sophie Divry

Un livre étonnant à plus d'un titre (si j'ose dire!). Le titre lui-même n'est pas très engageant, mais c'est une volonté de l'auteur. Elle souhaitait faire un livre froid, pour traduire l'ennui et la monotonie de la vie du personnage principal : M.-A. Des initiales (on ne connait à aucun moment son prénom entier) comme pour dépersonnaliser un peu plus cette femme. La narration se fait avec le "tu", ce qui déroute un peu plus le lecteur. M.-A. est une sorte d'Emma Bovary transposée au XXème siècle. La référence à Flaubert est d'ailleurs pleinement assumée par Sophie Divry. Car c'est bien de l'ennui que traite ce roman. M.-A. a tout pour être heureuse : un métier, un mari, des enfants… Une vie sans anicroches, sans détours, sans drame… Une vie d’ennui pour cette femme pleine d’idéaux. M.-A. reste éternellement insatisfaite. Elle garde un vide en elle qu'elle va tenter de combler par tous les moyens. La Condition Pavillonnaire, c'est aussi la remise en cause d’un modèle de réussite imposée par la société de consommation. Si vous possédez ceci, si vous parvenez à faire cela, vous serez heureux. Avec la profusion des choses, des biens, des services; mais aussi avec le modèle de famille parfaite que l'on nous impose dès le plus jeune âge, nous avons sans doute perdu la faculté de savoir ce qui est bon pour nous. Nous oublions de nous poser la seule question qui vaille : qu'est-ce qui est bon pour moi ? qu'est-ce que je veux ? Et l'on cherche à faire et à obtenir ce que la société nous désigne comme modèle. J'ai rencontré Sophie Divry à la Médiathèque de Bron, elle m'a confié qu'elle ne trouvait pas son personnage très sympathique… Mais qu'à la fin du roman, elle avait fini par l'aimer. Et c'est un peu ce que l'on ressent en tant que lecteur. On finit par se sentir proche de cette femme, on peut s'identifier dans les doutes qu'elle traverse. Car en fin de compte, on ne sait qu'à la fin de sa vie si l'on a fait les bons choix. Avons-nous seulement vu que nous avions le choix ? Curieusement, je suis ressortie du roman avec la furieuse envie d'aimer la vie. Sachons voir le bonheur qui se trouve juste à côté et aimons la vie ! Nous n'en avons qu'une… jusqu'à preuve du contraire !

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