Couverture : T. Michael Miller /Aeon |
Et dire qu'il s'agit là du premier roman de Philippe Besson! Quelle maîtrise déjà. On pourrait lire l'histoire classique d'une rencontre amoureuse. Sauf qu'elle se déroule entre deux hommes, pendant la première guerre mondiale. Cela ressemble déjà moins à une bluette. Pour corser la chose, Philippe Besson y convoque Marcel Proust... Mais le véritable tour de force de l'auteur est de nous inviter dans l'intimité d'un jeune homme qui découvre à peine la vie et se trouve confronté à la souffrance de l'autre, à ses propres doutes, aux tourments de l'amour et à un désir irrépressible de liberté. L'écriture de Philippe Besson est prodigieuse. Il sait parfaitement mettre en mot l'absence, la douleur, le manque. Tous les sentiments que l'on traverse dans l'état amoureux, que l'on soit homme, femme, hétéro ou homo. C'est là, le véritable enjeu du livre. Prendre une expérience particulière, singulière, "minoritaire" et en faire une chose universelle, intelligible par tous. Sans déclaration grandiloquente, sans militantisme forcené. Une justesse de ton, une précision de peintre, pour au final un hymne à la tolérance. Un merveilleux plaidoyer qui fait du bien dans un siècle qui divise, qui juge, qui exclut. L'Absence des Hommes confronte l'obscurantisme du début du XXème siècle à ce XXIème siècle qui n'est guère plus éclairé.
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