Un léopard sur le Garrot de Jean-Christophe Rufin

Le médecin-ambassadeur nous livre là un récit autobiographique où il souhaite parler de sa passion pour la médecine. Une passion née de son admiration pour son grand-père, lui-même médecin. On découvre un jeune interne angoissé par l’univers hospitalier. Il y confit son défaut caché : « celui de n’avoir jamais su me rendre invulnérable » à la souffrance de l’autre. On y découvre aussi l’action humanitaire de l’intérieur, les luttes intestines au sein des organisations (notamment Médecins sans Frontières et l’éviction de Bernard Kouchner). Et son entrée en politique, les serments d’allégeance, les ententes et les coups bas. Jean-Christophe Rufin est nostalgique de la médecine humaine pratiquée par son grand-père et qui est désormais remplacée par une médecine technique et froide. Mais je suis déçue par ce livre qui ne tient pas ses promesses. J’attendais de vivre les missions humanitaires, de connaitre la vie, les doutes et les réflexions du médecin face aux patients. Le parcours de Rufin est, bien sûr, très intéressant, mais je suis surprise par son ennui, son désintérêt de la médecine hospitalière. Et il glisse sur la médecine humanitaire qu’il déclare pourtant aimer. Il nous dit qu’il part en mission mais on ne sait rien de son travail sur le terrain. Pas vraiment ce que j’espérais de l’auteur de Rouge Brésil (un pur chef d’œuvre). Dans l’âme, Jean-Christophe Rufin se révèle être bien plus un romancier qu’un écrivain. C’est en tout cas ce que j’ai ressenti dans ce livre. Les passages où il vibre, le plus intensément, sont ceux où il nous parle de l’écriture. Les Chroniques d'un Médecin Nomade sont en tout cas une véritable déclaration d’amour à son grand-père froid et distant. C’est pour enfin recevoir une reconnaissance (qu’il n’a d’ailleurs jamais obtenue) qu’il a embrassé la carrière de médecin. Mais au fond de lui, Jean-Christophe  Rufin est un écrivain, un romancier. Et c’est très certainement la véritable révélation de ce livre.