jeudi 13 juin 2013

La Couleur des Sentiments de Kathryn Stockett.

Photo de couverture :
Marion Post Wolcott
Je commence ce blog en trichant (ça part bien me direz-vous !) : je devais logiquement commencer par le livre que je suis en train de lire (Le Prisonnier du Ciel de Carlos Ruiz Zafon… a suivre donc !)… Mais je n’ai pas pu me résoudre à passer sous silence le livre qui m’a bouleversée au début de l'année. C’est pourquoi mon premier article sera consacré à La Couleur des Sentiments de Kathryn Stockett (édition de poche série Babel).
Cela faisait bien longtemps qu’un livre ne m’avait pas touchée si profondément. Tout y est, l’Histoire et les histoires. Nous sommes aux Etats-Unis, dans les années 1950 / 1960, en pleine ségrégation raciale, dans un Etat du sud. Les histoires, ce sont celles des bonnes noires, véritables piliers des familles blanches et pourtant mises au ban de la société. Kathryn Stockett retranscrit à merveille l’absurdité de la société américaine de l'époque et les petites cruautés quotidiennes infligées à des êtres humains par d’autres, du seul fait de la couleur de leur peau. La Couleur des Sentiments, c’est aussi l’histoire de Skeeter, une jeune femme blanche qui ne peut plus fermer les yeux sur l’incohérence de son monde. Elle partira donc en quête de témoignages et choisira de donner la parole à ces femmes. Certaines accepteront au risque de perdre leur emploi ou bien pire. Ce roman n’est pas si éloigné d’une biographie (Kathryn Stockett est née dans un Etat du Sud des Etats-Unis et a été élevé par une femme noire), ce qui le rend d’autant plus touchant.
Kathryn Stockett est particulièrement douée pour faire passer les sentiments des personnages sans grandiloquence, mais simplement, par un regard, un geste esquissé ou réprimé. Les personnages sont très bien construits. Tout est juste, fort et on se prend à espérer que ce livre ne se termine jamais. A peine refermé, on en redemande : que sont devenues Minny, Abileen, Yule May ou Pescagoula ? La petite Mae Mobley se souviendra-t-elle de la douce Abileen ? On sait déjà que cette fillette a appris l’essentiel pour se construire.
Ce livre m’a émue aux larmes. Et c’est aussi parce qu’il a une part indéniable d’universalité : Nous avons tous connu des personnes qui nous ont touché enfant, qui nous ont appris l’essentiel. Peut-être n’avons-nous pas pu ou su leur dire l’importance qu’elles ont eu dans nos vies. Au final qu’importe, nous savons ce que nous leur devons.

La couleur des Sentiments est un livre sur la transmission et la transgression des codes d’une société. L'écriture simple et précise nous va droit au cœur.

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